✨Pourquoi l’univers existe-t-il ?
Une méditation sur le mystère de la création
Lorsqu’on demande : « Pourquoi Dieu a-t-il créé l’univers ? », la question semble naturelle, presque inévitable.
Et pourtant, si l’on regarde profondément, elle se dissout avant même d’obtenir une réponse.
Car derrière cette interrogation se cache une présupposition subtile : celle qu’il existe un « moi » distinct posant une question à propos d’un « Dieu » distinct.
Mais et si cette séparation n’était qu’une illusion ?
Et si la création n’était pas un acte accompli par un être suprême, mais simplement l’apparition du multiple dans l’unique ?
L’idée d’un commencement, d’un créateur, d’un instant zéro appartient à la pensée humaine.
Le mental, limité par le temps, pense toujours en termes de causes et d’effets.
Il veut savoir qui a fait quoi, et pourquoi.
Mais la vérité, si elle est absolue, ne peut avoir ni début ni fin.
Le rêve de la conscience
Ce que nous appelons « création » pourrait bien être comparable à un rêve.
Dans un rêve, un monde entier surgit : montagnes, visages, étoiles, souvenirs, émotions.
Tout paraît concret jusqu’à ce que vous vous réveilliez.
Alors, vous découvrez que tout cela n’était qu’une projection de votre propre esprit.
De même, le monde que nous percevons n’est peut-être rien d’autre qu’un rêve de la conscience.
Il n’y a pas d’observateur d’un côté et d’univers observé de l’autre : il n’y a qu’une seule réalité qui se déploie en d’innombrables formes, puis se replie en elle-même.
Ainsi, la question « pourquoi » se dissout d’elle-même.
Car celui qui interroge et ce qu’il interroge ne sont pas deux.
Chercher à comprendre pourquoi suppose déjà une distance.
Mais quand on regarde la source même du questionnement, le besoin d’une réponse s’éteint.
L’écran et le film
On peut comparer la conscience à un écran sur lequel se déroule un film.
Sur cet écran, apparaissent la naissance, la mort, les océans, les guerres, les amours, les étoiles.
Mais l’écran demeure inchangé, quoi qu’il arrive.
Le film semble réel, mais il ne peut exister sans la toile blanche qui le porte.
Et l’écran, lui, n’a nul besoin du film.
Le monde n’existe donc que lorsque la conscience s’identifie à un rôle dans le film.
Quand le mental s’apaise, le film continue peut-être de tourner — mais il n’a plus de pouvoir.
Ce n’est pas qu’il soit détruit, mais il est vu pour ce qu’il est : une image mouvante sur un fond immobile.
Reposer dans ce fond, c’est cesser de chercher des explications.
Les « pourquoi » se dissolvent dans une paix silencieuse, comme des vagues qui retournent à la mer.
Le mirage et la lumière
Demander pourquoi le monde existe, c’est un peu comme demander pourquoi un mirage apparaît dans le désert.
Le mirage est visible, mais il n’a pas d’existence indépendante.
Il dépend de la lumière, de la chaleur, du regard mais il n’est rien d’autre que le désert lui-même.
De la même manière, l’univers est une apparence.
Il surgit parce que la conscience se réfléchit sur elle-même.
Ce n’est pas un événement inscrit dans le temps, car le temps fait partie du rêve.
Le silence devient alors la seule réponse authentique.
Un silence qui ne nie pas, mais qui révèle.
Dans ce silence, on perçoit que celui qui questionne et ce qui est questionné ne font qu’un.
C’est dans cette reconnaissance que le mystère cesse d’être une énigme et devient une évidence tranquille.
Le flux de la création intérieure
La création, le maintien et la dissolution ne se produisent pas seulement dans les galaxies lointaines : ils se produisent à chaque instant, en nous.
Chaque pensée naît, demeure un instant, puis disparaît.
Tout le drame cosmique la naissance, l’évolution, la mort se joue dans cet infime espace de la conscience.
Le vaste univers que la science mesure en milliards d’années-lumière n’est, en vérité, pas plus grand que l’espace intérieur où surgit et disparaît chaque pensée.
Quand le mental se tait, il n’y a plus de monde extérieur, plus d’histoire, plus de mouvement : il n’y a que l’être, pure présence, silencieuse, intemporelle.
C’est ce silence qui est la source de tout.
Et pourtant, il ne crée rien : il se contente d’être.
Dans son immuabilité, les formes apparaissent et disparaissent, comme des reflets sur la surface d’un lac.
Mais l’eau, elle, ne bouge pas.
Le seul sens possible
Si l’univers a un sens, il n’est peut-être pas à chercher dans les causes, mais dans la connaissance de soi.
Le monde serait alors un miroir dans lequel la conscience se contemple pour se reconnaître.
Tout ce que nous appelons destin, souffrance ou mystère n’a qu’un but implicite : éveiller cette reconnaissance.
Les questions sur le commencement ou la fin n’ont de sens que tant que nous croyons être séparés de ce que nous voyons.
Mais lorsque cette séparation disparaît, le monde et le soi se fondent dans une seule réalité sans nom.
Le silence comme ultime réponse
La véritable « création » ne se situe peut-être pas dans le cosmos, mais dans la pensée originelle :
le surgissement du « je », cette première onde dans l’océan du silence.
Quand cette pensée s’apaise, tout l’univers de la division s’éteint avec elle.
Ce qui reste, c’est la paix —
non pas la paix d’une réponse,
mais la paix d’où aucune question ne naît.
C’est un état sans créateur ni création, sans naissance ni fin,
où tout simplement cela est.
Et dans cette lumière sans source,
le monde vient et s’en va,
comme des ombres dansant à la surface du soleil.
Le mystère ne s’explique pas.
Il se contemple.
Et, dans cette contemplation, le « pourquoi » s’efface —
ne laissant que le pur silence d’être.